Cette fois, ça y est, c’est décidé. Vous en avez assez de mémère. Besoin de faire de la place dans le garage. Envie d’autre chose. D’une autre belle. Il vous faut vendre. Oui mais mettre sa moto en vente et en tirer le meilleur prix n’est pas si évident que cela. Surtout lorsqu’il s’agit d’une moto de collection. Mieux vaut faire ça bien et avec réflexion.
Bien souvent, de multiples questions se posent au moment de vendre sa moto d’occasion… et plus encore de collection. « Comment mettre en valeur ma moto afin d’attirer le maximum d’acheteurs potentiels ? » ou « Comment bien rédiger son annonce ? » ou encore « Quel support de vente choisir » ou « Quels documents à communiquer à l’acquéreur ? ». Voici quelques conseils – pas si anodins que ça – qui devraient grandement vous faciliter la vente !
CONNAÎTRE CE QUE L’ON VEND !
Ça peut de paraître un comme un doux euphémisme mais avant d’entamer toute vente, encore faut-il savoir ce que vous vendez ! Eh oui ! combien avons-nous vu des annonces pour Susuki (avec un “S”) ou Kawazaki avec un “Z” ! Faites le test… vous allez en trouver ! Rien de mieux pour que votre annonce tombe dans les profondeurs des moteurs de recherche… et un bon plan pour les acheteurs à l’affût des bonnes affaires. Une moto pas vendue depuis des mois (et pour cause !), ça se négocie d’autant plus facilement. Ne rigolez pas, vous connaissez peut-être votre moto par cœur mais c’est rarement le cas d’une veuve ou des enfants qui héritent d’une moto dont ils n’ont que faire et qui, bien légitimement, essaient de la mettre en vente. Et les motards eux-mêmes se trompent parfois de millésime, de version à propos de leur bécane. Encore une fois, pour “faire l’article”, vanter sa marchandise, il vous faut la connaître a minima. C’est le b.a.-ba. Sinon comment répondrez-vous aux quelques questions que l’acheteur ne manquera pas de vous poser ? On ne vous demande pas d’en analyser le moindre boulon mais au moins de connaître l’historique de la moto… Et puis comment escompter bien estimer une moto sans savoir exactement de quelle moto il s’agit ? Entre une première version et les derniers millésimes d’une moto de collection, les prix vont parfois du simple au double !
BIEN ESTIMER
Une moto qui se vend rapidement est une moto dont le prix de vente est juste et raisonnable. Afin de ne pas se tromper, mieux vaut lancer une recherche comparative avec les modèles similaires au sien. On a ainsi la moyenne de prix pratiquée sur le marché, pour se faire une idée, au plus près de la réalité, pour les motos partageant les mêmes caractéristiques que son modèle. Pour vous aider, La Vie de la Moto édite tous les deux ans sa Maxi Cote de la moto de collection. Bien évidemment, il s’agit d’indications de prix. Mais si celui que vous aviez envisagé est le double que ceux relevés récemment sur le marché, c’est que vous êtes manifestement à côté de la plaque ! Évidemment, si vous n’êtes pas pressés de vendre, vous pouvez toujours viser la fourchette haute. Mais si vous ne recevez aucun coup de fil à propos de votre belle en plusieurs semaines, c’est que manifestement elle est trop chère ! Bien sûr, la valeur d’une moto, a fortiori ancienne, dépend beaucoup de l’état de sa mécanique et de sa carrosserie, et du niveau de qualité de sa restauration, s’il y a lieu. On peut donc concevoir vendre au-dessus de la cote pour un véhicule restauré dans les règles de l’art et remis entièrement à neuf, que ce soit en mécanique, en carrosserie et en sellerie, dans le total respect de l’origine. Mais il ne faudra pas vendre à ce prix dans le cas d’une moto incomplète, à restaurer entièrement et à compléter, à la mécanique précaire et fonctionnant difficilement.
SAVOIR RÉDIGER SON ANNONCE
La rédaction de votre annonce doit être précise, concise et surtout coller à la réalité. Elle doit comporter les éléments suivants : la marque et le modèle, le kilométrage, si possible le mois et l’année de mise en circulation, la couleur, la liste des accessoires ou équipements optionnels s’il y en a, l’état, le prix, la localisation de votre engin, une adresse e-mail et un numéro de téléphone. Pour bien vendre sa moto, il est important de rester honnête. Si le kilométrage est incertain, précisez-le. Soyez au plus près de la réalité pour ce qui concerne l’état général de la moto. À quoi bon mentir puisque les acheteurs se déplaceront la plupart du temps. Et pourquoi courir le risque d’être attaqué pour “vices cachés” dans le cas contraire. N’ayez pas peur de mentionner les changements de pièces ou non conformes à l’origine. C’est une preuve de bonne foi qui pèsera dans l’appréciation de l’acquéreur. Le dernier élément – et non des moindres – est la photo. Elle fera toujours plus d’effet que sans ! N’hésitez pas à en publier plusieurs. Sous plusieurs angles différents, profils gauche et droit, avant, arrière et surtout… en paysage. Évitez le grand-angle et la déformation du sujet !
CHOISIR LA BONNE VOIE
Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour espérer vendre votre moto de collection.
- Internet
Bien évidemment, en 2022, le premier réflexe est de diffuser son annonce sur le Net. C’est simple, même le moins féru en informatique y parvient facilement en quelques clics, et le plus souvent gratuitement. Principal avantage donc : l’instantanéité et la rapidité. Et puis avec les grands sites d’annonces en tout genre, vous touchez le plus grand nombre, des centaines de milliers d’acheteurs potentiels. Avantage certes, mais aussi inconvénients. D’abord votre annonce va être noyée parmi des centaines d’autres et risque d’être en concurrence avec nombre d’autres proposant la même chose… peut-être à un prix inférieur. Du coup, ce que vous croyiez être une rareté vendant chèrement sa peau, ne devient qu’une annonce parmi d’autres. Et puis frappez-vous à la bonne porte ? Pas sûr. Il y a peut-être plus judicieux pour espérer vendre votre moto ancienne au meilleur prix… - La presse spécialisée
…défendons aussi notre pré carré. On n’y pense pas forcément en premier lieu mais la bonne vieille PA diffusée sur un support papier spécialisé comme La Vie de la Moto est aussi une bonne voie pour vendre. Certes, votre annonce mettra un peu plus de temps à être vue, elle vous coûtera peut-être quelques euros, mais elle touchera inévitablement sa cible ! Et c’est le but recherché, non ? Ces journaux sont lus par des passionnés qui connaissent le marché, sont souvent à la recherche de la pièce de plus qui manque à leur collection…. Et qui sont prêts à y mettre le prix ! Alors ? - Les bourses aux pièces
C’est aussi un bon moyen de vendre une moto de collection. Parce qu’elles s’adressent à un public de connaisseur, souvent en recherche de motos à acquérir, et toujours prompt au coup de cœur et à l’achat non prémédité. Oui, mais il faudra se résoudre à se lever aux aurores, à transporter sa moto, à y veiller toute la sainte journée et le cas échéant à revenir avec elle le soir en cas de non vente ! - Les ventes aux enchères
Si cette possibilité est parfois sujette à caution pour une acquisition (c’est un peu la loterie car vous n’avez aucune garantie, pas même celle d’avoir entendu le moteur tourner avant l’achat, avec les frais en plus – 16 % plus la TVA en vigueur !), proposer votre moto aux enchères peut être un bon moyen de vendre. Surtout pour une moto dont on sait qu’elle est convoitée ou qui a atteint une valeur certaine. On peut effectivement espérer que plusieurs acheteurs potentiels rivaliseront dans la salle et qu’ils prendront le risque de suivre inconsidérément la montée des mises ! Mais il faudra quand même rétrocéder une commission à la maison de vente sur le prix du marteau.
DES TRAVAUX ?
Il en va des motos comme du homestaging (la valorisation dans les meilleures conditions d’un bien immobilier destiné à la vente), à la mode aujourd’hui. Mieux vaut-il dépenser un peu d’argent avant la vente de sa moto pour en tirer le meilleur prix ? Ou consentir, dans le cas contraire, à en négocier le prix ? Évidemment, cela doit se faire dans la limite du raisonnable. Mais l’acheteur n’est pas dupe et sait décrypter une petite annonce. On sait tous qu’une moto vendue avec un second exemplaire “pour pièces” au prix d’une, signifie souvent que la première fonctionne mal et que le propriétaire, fatigué, a décidé de se séparer de l’ensemble. Et le fameux “à remettre en route” ? Si cela avait été aussi simple, n’aurait-il pas mieux valu le réaliser au préalable pour le bien de tous ? Un seul exemple : les pneus. Même usés à 50 %, ils peuvent faire sérieusement baisser le prix de votre moto. Mieux vaut donc proposer une bécane avec des consommables en état, voire neufs (pneus, plaquettes de frein…), et elle pourra ainsi espérer partir au prix fort.
SÉLECTIONNER SES ACHETEURS
Oui, oui. Vous avez bien lu. Comme il ne faut pas se précipiter sur la première offre venue en tant qu’acheteur, mieux vaut être aussi un peu sélectif en tant que vendeur. Fuyez l’acheteur potentiel qui, au téléphone, sans même avoir vu la moto, vous demande d’emblée d’en baisser le prix. Qu’en restera-t-il après négociation sur place ? Il y a aussi ceux qui vous demanderont de consentir à faire “la moitié du chemin” jusqu’à eux, vous donnant rendez-vous sur le bord de la route, comme par hasard un dimanche, accompagné d’un copain bien sûr, casque sous le bras et avec une somme en liquide bien inférieure au prix réclamé, comme par hasard. Il ne vous restera plus qu’à accepter sa proposition indécente… ou rebrousser chemin après avoir perdu votre journée ! C’est triste à dire mais on vend parfois mieux une moto de collection dans les colonnes d’un journal spécialisé auto (comme La Vie de l’Auto), ou sur un salon comme Automédon. Eh oui ! les amateurs de voitures sont moins prêts de leurs sous. C’est un fait. Bref, soyez sélect !
LES DOCUMENTS À FOURNIR
Les documents à fournir à l’acheteur de la moto sont de deux catégories : les documents obligatoires et les documents facultatifs.
Il y a trois types de documents dans la première catégorie : la carte grise, le certificat de vente et le certificat de situation administrative.
- La carte grise
C’est en quelque sorte la carte d’identité de la machine. Vous devez la remettre à l’acquéreur barrée de deux traits en diagonale, avec la mention “vendu le… ”, la date et votre signature. Si elle est récente, le coin supérieur droit doit être découpé. - Certificats et code de cession
Le certificat de vente, dit de “cession” vient signifier que le bien change de propriétaire. Il ne s’obtient plus en préfecture mais sur Internet. Rempli en deux exemplaires, chaque partie en conserve un. Désormais, vous devez avertir l’administration de la cession sur le téléservice de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS). Il n’est plus possible de déposer ou d’envoyer votre déclaration de cession à la préfecture.
Vous devez, dans un premier temps, renseigner plusieurs informations obtenues auprès du futur propriétaire (nom de naissance, prénom, date de naissance, …). Ces informations sont nécessaires même si vous vendez ou cédez votre véhicule à l’étranger. Vous devez ensuite télécharger et imprimer les deux documents qui s’affichent à l’écran : le formulaire (cerfa n°15776) appelé certificat de cession et le certificat de situation administrative.
Un code de cession s’affiche également à l’écran : notez le précieusement ! Il est valide 15 jours et à remettre impérativement au futur propriétaire. Il sécurisera et facilitera ses démarches administratives sur le site de l’ANTS et lui permettra de demander la nouvelle carte grise à son nom. Indispensable donc. - Le certificat de situation administrative, dit de “non gage”
Ce document peut être téléchargé sur Internet. Il vient attester du fait que l’engin n’est pas gagé et ne fait l’objet d’aucune opposition judiciaire, ni de la part d’huissiers, ni du Trésor public.
Parmi les documents facultatifs, citons :
Le carnet et les factures d’entretien. Ils viendront rassurer l’acheteur. Mais surtout lui fourniront des informations précieuses quand il voudra faire réviser la moto. Dans le même ordre d’idée, le livret d’utilisation peut fournir des informations pratiques.
N’oubliez pas de fournir au repreneur les clés et leur double.
La vente effectuée, une déclaration doit être faite à la préfecture sous quinzaine. Elle s’accompagne d’un exemplaire du certificat de cession. Et vous devez en plus prévenir votre assureur par pli recommandé dans un délai similaire, avec là aussi une copie du certificat de cession.
ENCAISSER VOTRE PAIEMENT
En ce qui concerne le paiement, le chèque de banque demeure le plus sûr. Vous pouvez vous assurer de la solvabilité de l’émetteur en contactant la banque d’émission. Nous vous conseillons donc de prendre rendez-vous avec l’acheteur potentiel, un jour ouvré. Ce qui permet d’effectuer la vérification du chèque en temps réel.