Avant la généralisation de la poignée tournante, une double manette au guidon commandait le carburateur.
La manette la plus courte actionne le volet d’air, l’autre le boisseau de gaz. Sauf cas contraire – notamment des anglaises – on ouvre les gaz en tirant la manette vers soi. Des rondelles-ressort en feuillard ondulé apportent progressivité et onctuosité au mouvement tout en maintenant la position choisie. On s’habitue vite à conduire à la manette d’autant que les moteurs qui en sont dotés ont généralement une assez forte inertie qui contrarie tout changement de régime brutal. C’est même bien adapté à la boîte de vitesses commandée à main, pour maintenir le moteur au régime adapté le temps de la manœuvre.
La révision n’est jamais un luxe
Une manette double “d’époque” en bon état apparent n’est pas si courante, ça vaut la peine de réviser celle dont on dispose. Les leviers peuvent être légèrement faussés mais comme ils sont généralement en bronze coulé, tenter de les redresser risque de les rompre. L’entretien a généralement été inexistant, l’utilisateur se contentant de remplacer le câble cassé et d’un peu d’huile. Le mécanisme étant fréquemment noyé dans une gangue de poussière et de graisse durcie, il est indiqué de démonter entièrement toute manette, quand bien même elle serait fonctionnelle. Pour libérer le mécanisme commencer par un bain de dégrippant ou de pétrole. Surtout pas de brutalité. Disposer les nombreuses pièces dans l’ordre du démontage et en respectant leur orientation afin d’éviter tâtonnements et erreurs au remontage. Et si vous envisagez de faire nickeler ou chromer, adressez-vous à un professionnel soigneux, c’est fou le nombre de petites pièces perdues au fond des bains !
Le fonctionnement
L’ensemble est empilé sur un axe fixe comportant un méplat destiné à immobiliser en rotation rondelles entretoises et rondelles élastiques tandis que les leviers sont libres de tourner. Un écrou maintient l’assemblage et sert à régler la précontrainte des rondelles élastiques dont l’écrasement détermine la force de friction qui durcit plus ou moins le mouvement des leviers. Cet écrou est coiffé par la cloche de protection du mécanisme qui a également une fonction esthétique. L’écrou qui maintient la cloche joue aussi le rôle de contre-écrou afin que le réglage de friction soit stable. Le levier qui commande le volet d’air retrouve facilement sa position de référence grâce à l’engagement de son trou sur le téton demi-sphérique d’une rondelle élastique immobilisée en rotation par son méplat. Le déplacement de part et d’autre permet de corriger la richesse de la carburation ou d’escamoter le volet d’air.
Démontage et remontage
L’écrou supérieur et la cloche enlevés dévoilent l’écrou qui presse une rondelle-ressort en feuillard ondulé contre une rondelle plus épaisse en acier qui sert de centrage et de face de friction à la manette. L’alésage de ces rondelles comporte un méplat qui engage celui de l’axe, elles sont donc fixes. Cette première manette est celle du volet d’air. Cette manette enlevée dévoile une rondelle élastique comportant un téton semi-sphérique destiné à s’engager dans le trou de la manette, ce qui constitue un verrou élastique indiquant sa position de référence. Sous la rondelle élastique, la rondelle épaisse d’appui est échancrée sur le secteur situé sous le téton afin de lui permettre de fléchir librement lorsque le téton n’est pas engagé dans le trou de la manette.
Il arrive que le feuillard élastique soit déchiré. Une autre rondelle élastique ondulée, située dessous, assure l’appui sur la manette des gaz dont la face inférieure porte sur le bâti. Il arrive que les fines rondelles élastiques aient tourné et que leur mouvement répété ait fini par entailler l’axe : aligner les méplats avant extraction. Avant de remonter éliminer les traces d’oxydation, rectifier les interférences à la lime ou à la toile puis lubrifier modérément l’ensemble à la graisse.
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