Voilà une formule familière qui existe dans de nombreuses langues : français, portugais, espagnol, anglais, albanais, néerlandais… Le caractère international de cette expression s’explique par son origine biblique.
> Dans le Nouveau Testament, cette phrase est attribuée à Jésus de Nazareth. La formule se trouve dans les Évangiles synoptiques (selon Marc, Matthieu et Luc), dans un passage où les apôtres relatent la rencontre de Jésus avec les Pharisiens, un groupe politique et religieux juif. Questionné sur le bien-fondé de payer un impôt à l’Empereur, Jésus les invite à observer leurs pièces de monnaie. Sur chacune d’entre elles est martelé le visage de César, ce à quoi Jésus conclut : Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
> Dans cette expression, “César” désigne l’État et non Jules César. Cette figure de style s’appelle l’antonomase et consiste à utiliser un nom propre pour désigner un nom commun. Après l’assassinat de Jules César en l’an 44 av. J.-C., ses successeurs ont adopté le titre de César (Cæsar) pour se positionner dans sa lignée. L’Empereur romain contemporain de Jésus est Tibère (Tiberius Cæsar), qui a régné de l’an 14 à 37.
> La formule biblique appuie l’idée de séparation des affaires politiques et religieuses. Jésus encourage au respect des lois terrestres : si un citoyen bénéficie des avantages d’un État, il doit se conformer à ses règles. Il faut donc donner à César ce qui lui revient de droit, mais ne jamais lui offrir ce qui appartient à Dieu, c’est-à-dire, lui vouer un culte. Cette expression est aujourd’hui utilisée au sens figuré, signifiant rendre justice à quelqu’un.
Par Marine Gasc et Barbara Brayner