Cette auto aux multiples facettes est, selon la célèbre formule de son créateur Philippe Guédon, « le pain perdu appliqué à l’automobile. »
Pas étonnant donc d’y retrouver une majorité d’éléments puisés dans la banque d’organes Simca. La planche de bord à six cadrans provient de la 1100 Ti et le volant de la famille 1307-1308 ; toutefois, les sièges et l’habillage des portes en velours gris sont propres à ce millésime 1982. En revanche, la partie arrière rallongée explore des horizons nouveaux et ses imposantes surfaces vitrées procurent une grande luminosité afin de communier avec la nature.

La planche de bord provient de la 1100 Ti et le volant de la 1308.
Contact, le 1 442 cm3 emprunté à la 1308 donne de la voix. L’auto essayée affiche 172 000 km, son nouveau propriétaire l’a acquise en 2020 et laissée en l’état à l’exception du radiateur. Aussi, sans réelle surprise, conserve-t-elle quelques “tares congénitales”, déjà relevées à la sortie du modèle : distribution bruyante et commande de boîte élastique, rien de grave. Autre grief, sa carrosserie 3-portes, avec un accès peu commode à l’arrière pour les passagers. Pas de quoi gâcher le plaisir de se retrouver au volant d’un modèle ayant écrit une jolie page de l’histoire de l’automobile.

Le passage des vitesses demande un peu d’attention mais le moment de surprise passé, tout rentre dans l’ordre. Le bloc de la 1308 GT, alimenté par un Weber à double corps, offre la particularité d’être à la fois relativement tonique (80 ch à 5 600 tr/min) et souple assurant ainsi une conduite coulée. La direction, d’une précision remarquable, incite à hausser le rythme. En dépit de la masse supplémentaire, le Rancho vire à plat et conserve les qualités routières de la 1100. Le freinage, emprunté à la Ti, ne nécessite pas d’appuyer comme un sourd sur la pédale.
Un véhicule polyvalent, sans doute né trop tôt…
Cette version X, le haut de gamme de l’époque, se distingue par une finition spécifique et une dotation plus riche qui en font un engin multifonctions pratique, facile à vivre et tellement vaste qu’il s’avérait possible d’y dormir à bord ! À la charnière des années 1970-1980, le Rancho innova avec son esprit baroudeur et sa quête des grands espaces. Il avait une génération d’avance sur tous les SUV et crossovers aujourd’hui disponibles. Immense respect pour les gens de chez Matra.
Texte Vincent Roussel. Un grand merci à Jean Allain pour la réalisation de cet essai.

FICHE TECHNIQUE
> Moteur : 4-cylindres en ligne en position transversale AV ; 1 442 cm3 ; 80 ch à 5 600 tr/min ; 145 km/h ; conso. 9,5 l/100 km
> Transmission : roues AV motrices, embrayage monodisque à sec, boîte à 4 rapports
> Trains roulants : suspension à 4 roues indépendantes ; direction à crémaillère ; freins à disques AV, tambours AR ; pneus 185/70 SR 14
> Structure : coque autoporteuse avec caisson arrière en polyester
> Dimensions-poids : 4,31 x 1,66 x 1,73 m ; 1 130 kg
> Production : 56 457 ex. (tous modèles, entre 1977 et 1984)
À lire :
La Rancho de mon père
