Voilà assurément une Renault 4 méconnue, éprise de liberté et fabriquée à moins de 700 unités par les établissements Sinpar.
Transformer l’auto blue-jean en bermuda, voilà un peu l’esprit qui accompagna la naissance de ce modèle. Pour ce faire, la 4L a subi de nombreux aménagements.
> Si la partie avant demeure inchangée, à l’exception de l’entourage du pare-brise adapté pour recevoir l’ancrage de la capote, les flancs, les portières et le toit ont disparu.

> À l’arrière, exit aussi le fameux hayon pour faire place à un coffre classique, sa partie supérieure étant occupée par la capote. L’ensemble affiche une ligne pour le moins originale mais fait craindre une certaine fragilité. Cette apparence est trompeuse car de nombreux renforts bardent l’auto.
Toutes les qualités d’une 4L, en plein air !
La simplicité !
> L’installation à bord est aisée, il suffit d’enlever ou d’escalader la fine chaînette et de prendre place sur la confortable banquette en simili noir.

Un autocollant noir et blanc avec l’inscription Plein Air court le long de la caisse. La banquette est épaisse et confortable
> Le véhicule mis à notre disposition, destiné au Canada, reçoit une finition Export et bénéficie de quelques spécificités : compteur en miles, appel code phare au pied, conduit de chauffage plus long. Face à moi apparaît la nouvelle planche de bord beige, disponible depuis le millésime 1967, avec son fin volant marron à moyeu rectangulaire.
> Pas de fioriture, l’équipement comprend le strict nécessaire. Un rétroviseur placé sur l’aile avant gauche n’est pas superflu pour assurer une bonne rétrovision.

Attention au freinage
> Le 845 cm3 (5 CV) s’ébroue gentiment et discrètement. Le levier de vitesses tombe bien en main. Attention, la grille est inversée, avec la marche arrière vers l’avant… et la 1re à l’opposé.

> L’envol s’effectue sans problème, l’embrayage progressif remplissant parfaitement son rôle. Bien décomposer le mouvement et enclencher la deuxième avant de tirer sans effort pour la 3e.
> La direction me surprend par sa précision. Nous quittons les villages situés autour de Flins pour bientôt sillonner les petites routes du Mantois, le 4-cylindres remplissant parfaitement son rôle, même s’il faut jouer de la boîte pour le relancer. L’allure est donc assez soutenue et la Plein Air m’étonne par sa bonne tenue de cap et son roulis contenu, mes craintes envers le manque de rigidité s’estompent.
> Finalement, ma seule retenue concerne le freinage ; il convient, en effet, d’appuyer vraiment fort sur la pédale pour solliciter les tambours.

UNE CARRIÈRE TRONQUÉE
Il s’en passe décidément des choses en mai 1968 dans le milieu de l’automobile. Le 9, quelques jours avant la présentation de la Méhari, Renault dévoile le torpédo 4L Plein Air à Thoiry, avec Eddy Constantine comme parrain. Elle connaîtra une carrière éphémère et sera remplacée par la Rodéo en 1971. Douce revanche aujourd’hui : produite à moins de 700 exemplaires jusqu’en avril 1970, elle est très recherchée et sa cote peut atteindre 20 000 €, la plus élevée de toutes les 4L !
FICHE TECHNIQUE
> Moteur : 4-cylindres en ligne en position longitudinale AV ; 845 cm3, 30 ch, 110 km/h, 7 l/100 km
> Transmission : roues AV motrices, boîte à 4 vitesses
> Trains roulants : suspension AV indépendante par quadrilatères déformables transversaux, AR à bras tirés ; direction à crémaillère ; freins à tambours
> Structure : châssis plate-forme, caisse acier fixée
> Dimensions : L x l : 3,67 x 1,49 m
> Poids : 590 kg
> Production : moins de 700 exemplaires
Par Vincent Roussel
Merci à Renault Classic pour la réalisation de cet essai.
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