Nous sommes quotidiennement confrontés à la question de la valeur des objets : combien coûtent-ils et, surtout, est-ce le bon prix ? Dans l’univers des antiquités et de l’occasion, de grandes fluctuations s’observent car les cotes se font et se défont… Voici cinq grandes variables du marché.
L’espoir de tout chineur et collectionneur est d’acquérir une grande œuvre d’art au prix d’une pièce mineure, de tomber sur un objet rare non identifié par son vendeur… Ce dernier, en revanche, aspire souvent à réaliser un profit. Alors, le juste prix serait-il un compromis entre le souhait de l’acheteur et l’intention du vendeur ?
Contrairement au secteur des produits neufs, le marché des antiquités et de l’occasion ne se base pas sur une grille tarifaire et varie selon de nombreux critères. Dans les articles des revues des Éditions LVA, nous proposons toujours un encadré style “Combien ça coûte ?”, où des fourchettes de prix – observées sur différents réseaux de vente – sont indiquées pour orienter le lecteur. Ces mêmes fourchettes se retrouvent dans les argus. Mais, même les experts les fiables ne s’aventurent pas au-delà d’une moyenne d’estimations relevées dans les ventes aux enchères. On dit souvent que le juste prix est celui que nous sommes prêts à payer pour nous faire plaisir, mais certains éléments influent sur les chiffres…
L’offre et la demande
Ce modèle économique est connu de tous : dans un marché concurrentiel, le prix d’un objet sera toujours négocié en faveur du plus offrant. Si une pièce est à la fois rare et convoitée par un grand nombre de personnes, il est naturel que sa cote évolue en fonction de cet équilibre.
Ce principe empirique peut aussi s’expérimenter à titre individuel : par exemple, si un vendeur s’aperçoit qu’un objet intéresse fortement un client, il n’hésitera sans doute pas à gonfler son prix. Mais, dans le secteur des antiquités et de l’occasion, les miracles existent et il est encore possible de conclure des bonnes affaires. La drouille des uns fait le bonheur des autres, disent les brocanteurs !
Les phénomènes de mode
Souvenez-vous de la folie des pin’s dans les années 80, amplifié par la maison Arthus-Bertrand. De la même façon, le phénomène des télécartes a été orchestré par France Télécom et les collections de montres Swatch abondamment alimentées par le propre fabricant suisse… Aujourd’hui, sauf quelques exceptions, ces objets ne se vendent plus guère ! Les modes d’hier sont souvent méprisées par la génération suivante… mais parfois le vent tourne. Aujourd’hui, les tirages originaux de photographies sont plus recherchés que les affiches de cinéma, le mobilier des années 50 à 70 est bien plus convoité que les fabrications plus anciennes… Les tendances de chaque époque dictent les prix, répondant au principe déjà énoncé de l’offre et de la demande.
Le lieu d’achat
Un même objet peut afficher un prix de vente bien différent, selon qu’il soit proposé dans une vente aux enchères, un vide-greniers, un centre Emmaüs ou encore sur Internet. Sur certains canaux, le prix annoncé prend en considération une marge de négociation. Sur d’autres – tel est le cas dans les maisons de ventes aux enchères – il est estimé d’après une moyenne observée sur le marché, mais peut franchir largement cette fourchette si un enchérisseur le désire.
Il est donc parfois difficile de se repérer, tant les écarts de prix sont parfois incohérents, notamment ceux largement gonflés sur les sites de ventes entre particuliers. Sachez qu’ils ne constituent aucunement une référence en termes de cotation. En revanche, les estimations d’un professionnel sont fiables car celui-ci a la connaissance des demandes du marché. Il saura également détecter les faux et copies.
Chaque pays a aussi son marché spécifique et la cote d’un même objet peut être très variable d’une nation à l’autre.
Chiner est désormais un exercice planétaire, mais il ne faut pas négliger les frais de port et de douane !
Les caractéristiques de l’objet
Tout collectionneur sait que l’édition originale d’une œuvre n’a pas la même valeur qu’une réédition ; que le pressage original d’un disque est plus précieux qu’un retirage, même ancien.
L’état de conservation est aussi un point clé pour déterminer un prix. À cela, s’ajoutent aussi des particularités pour chaque catégorie d’objets : dates et lieux de fabrication, coloris rares, origine prestigieuse… Sans oublier les manques et défauts qui peuvent faire chuter vertigineusement le prix d’un objet.
Dans l’univers de l’antiquité et de la collection, chaque objet devrait avoir une cote indépendante, selon les traces qu’il porte.
Le rendement potentiel
Dans la bande dessinée Time is Money, sous-titré en français “Ils voyagent dans le temps pour de l’argent”, les personnages vont à la rencontre de Léonard de Vinci pour lui acheter sa Mona Lisa, fraîchement peinte… L’auteur illustre ainsi le rêve de tout collectionneur : identifier la rareté de demain et l’acquérir à son plus bas prix. Dans ce registre, on pourrait citer les collectionneurs ayant parié, en 1977, sur les objets dérivés de la saga Star Wars, ou encore ceux qui ont conservé les premières éditions des cartes Pokémon.
Aujourd’hui, les fabricants ont compris que beaucoup de collectionneurs misent sur de probables plus-values et n’hésitent pas à multiplier les tirages limités sous licence avec, en tête de liste, les objets dédiés à Harry Potter ou encore les éditions collectors de sneakers. Mais dans ce registre, les déceptions sont plus nombreuses que les coups de bol !
Par Vincent Vidal
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Hors-série Antiquités Brocante – Spécial prix (2022)
