Avec le retour de l’hiver, vous n’allez peut-être plus vous servir de votre moto. Il faut donc la préparer pour traverser sans encombre cette période d’inactivité, afin qu’elle redémarre sans problèmes au retour de la belle saison.
Dès qu’une moto est arrêtée plus de trois mois, il faut la préparer à ce long sommeil. Les travaux à effectuer ne sont pas bien compliqués et sont réalisables en une paire d’heures. Ils sont à la portée d’un amateur sans aucune notion de mécanique et ne vous ruineront pas, en tout cas bien moins que les réparations à entreprendre au printemps pour redémarrer une machine mal préparée. En deux mots, le but est de stocker, dans un local propre et sec, une moto en bon état mécanique et de présentation et de la protéger de l’humidité, de la sécheresse, de la poussière, de la lumière, de la pollution, de la pesanteur et surtout de la négligence.
1/ D’abord une douche…
On commence par un bon lavage général de la moto, de préférence à la main, avec seau, éponge et tuyau d’arrosage, plutôt qu’avec un nettoyeur haute pression. Cependant, vous pouvez utiliser ce dernier si la machine est vraiment sale, à trois conditions : pression réglée sur le minimum, lance à plus de 40 cm de la moto et surtout
ne pas insister sur des endroits sensibles (roulements, allumage, carbus, etc.).
2/ …suivie d’une bonne friction
Terminez le lavage par un rinçage à l’eau claire et un essuyage avec un chiffon en microfibres. Puis fignolez dans les recoins en séchant à l’air comprimé. Si vous n’avez pas de compresseur, utilisez le sèche-cheveux de Madame. Elle sera ravie de pouvoir enfin rendre son matériel utile…
3/ La vidange
Pour être certain que tout est bien sec et qu’aucune trace d’humidité ne subsiste autour de l’allumage ou des carbus, allez donc faire un dernier petit tour, histoire de faire chauffer la mécanique. Au retour, profitez du moteur chaud pour le vidanger, sans oublier de remettre de l’huile neuve.
4/ Travail à la chaîne
Notre dernière petite balade aura aussi fait chauffer la chaîne, ce qui est idéal pour la nettoyer et la graisser. Pour son nettoyage, utilisez du pétrole, surtout pas de d’essence, de trichlo ou d’acétone, tous trois bien trop agressifs, surtout pour les chaînes à joints toriques. Pour le graissage, tout est bon : de la graisse spéciale chaîne en aérosol, jusqu’au bain de graisse chaude, en passant par l’huile pour chaîne de tronçonneuse que l’on applique au pinceau.
5/ Le graissage
Continuons le graissage en s’occupant des articulations de la moto. S’il y a des graisseurs, le mieux est d’utiliser une pompe à graisse remplie de graisse au lithium qui résiste bien à l’eau.
Dans le cas contraire, il sera parfois obligatoire de démonter pour bien lubrifier. C’est souvent le cas de l’axe de bras oscillant qui pivote sur des bagues. Terminez par le graissage des câbles après vous être assuré du bon état de ceux-ci et de leurs gaines. Remplacez tous les câbles oxydés ou effilochés ainsi que les gaines endommagées.
6/ Ça va fumer !
Pensez à injecter une giclée d’huile par le trou de chaque bougie, puis donnez quelques coups de kick pour que le lubrifiant se répartisse bien sur les parois des cylindres. Choisissez de l’huile moteur pour un quatre-temps et de l’huile deux-temps pour… devinez ! Dans tous les cas,
le moteur fumera comme un cylindre à trous qui pue au redémarrage, mais les segments auront été préservés du gommage.
7/ Soignez la pile
Passons à la batterie. Vous compléterez son niveau d’électrolyte jusqu’au maxi, nettoierez ses bornes avec une brosse en laiton avant de les enduire de graisse de vaseline, puis vous la chargerez à bloc.
8/ Chargez !
Pour l’hivernage de la batterie, deux choix s’offrent à vous : soit la démonter de la moto et la stocker dans un endroit au chaud, soit la laisser sur la machine. Dans le premier cas, il vous faudra la recharger une fois par mois. Dans le second, il faudra la relier à un chargeur intelligent qui maintiendra sa charge automatiquement, mais il faudra surveiller son niveau chaque mois.
9/ Pschitt orange ou Pschitt citron ?
Terminez la préparation de la partie électrique en pulvérisant un anti-humidité en aérosol sur l’ensemble du circuit électrique, en insistant sur les connecteurs multiples, les fameux “sucres”.
10/ De l’alcool pour les chromes
Pour protéger les chromes des rigueurs de l’hiver et surtout de l’éventuelle humidité ambiante, il faut commencer par les nettoyer à l’alcool à brûler de manière à les débarrasser de toute trace de pollution, source d’oxydation.
11/ Un bon coup de cirage
Une fois vos chromes bien propres, protégez-les en les badigeonnant avec de la cire protectrice. Ce produit existe sous différentes marques pour un usage spécifique auto-moto, mais vous pouvez le remplacer par de la cire encaustique, voire de la graisse de vaseline. Seul inconvénient, ces deux produits de substitution seront plus difficiles à éliminer au moment de la remise en route.
12/ Attention aux coups de froid
Si votre moteur est à refroidissement liquide, n’oubliez pas de contrôler le niveau du liquide de refroidissement qui doit se situer au maximum. Mieux, vous pouvez aussi le remplacer par du neuf, surtout s’il a plus de deux ans. Cette précaution est particulièrement importante si votre moto est hivernée dans un local non chauffé.
13/ Le plein SVP !
Sauf si votre réservoir est en alu ou en matière plastique, ou encore s’il est traité à la résine genre Restom, prenez l’habitude de stocker votre moto avec son réservoir plein “jusqu’à la gueule”. Cette précaution évite la condensation dans le bidon et donc son oxydation interne. Si vous arrêtez votre moto plus de six mois, pensez à ajouter un additif de conservation dans l’essence, faute de quoi elle sera à remplacer lors de la remise en route.
14/ Panne sèche
Il faut maintenant vider les cuves de carbus pour éviter les dépôts laissés par l’essence qui s’évapore. Il y a plusieurs méthodes pour y arriver. Si vos carburateurs sont munis de vis de vidange, fermez le robinet d’essence (robinet normal) ou mettez-le sur “on” (robinet à dépression), puis dévissez les vis de vidange et refermez-les quand plus rien ne coule. Si vos carbus n’ont pas de vis de vidange, fermez le robinet d’essence (robinet normal) ou mettez-le sur “on” (robinet à dépression) après avoir débranché la durit de dépression, puis mettez en route le moteur et laissez le tourner jusqu’à ce qu’il cale.
15/ On ferme !
Toujours concernant les carburateurs, pensez à fermer le starter de manière à obturer leur entrée. Cette simple précaution vous évitera l’introduction de corps étrangers dans votre circuit d’alimentation (poussières, humidité, mais aussi insectes, voire rongeurs…).
16/ Vive le gros mono !
Enfoncez un bout de chiffon à l’extrémité de chaque échappement. Les raisons sont les mêmes que celles qui vous ont fait fermer le starter.
Enfin, toujours dans le but de rendre le moteur le plus étanche possible aux corps étrangers, et seulement si vous avez la chance de posséder un monocylindre quatre-temps, pensez à stocker le moteur avec ses soupapes fermées. Pour y arriver, faites tourner le moteur au kick et arrêtez-vous lorsque vous êtes au point de compression maximum. Accessoirement, cette précaution préserve les ressorts de soupapes qui ne restent pas sous tension.
17/ Sous pression !
Terminons par la pression des pneus. Pour un hivernage de qualité, deux solutions sont possibles. Si vous stockez la moto sur ses roues, il faut sur-gonfler les pneus d’environ 50 % et contrôler leur pression chaque mois. Si vous la stockez roue en l’air, le mieux est de baisser la pression d’environ 50 %.
18/ La Belle à l’Atelier Dormant
La meilleure façon d’arrêter une moto pour une longue période est de la stocker roues en l’air, de manière à soulager ses pneus et ses suspensions. Pour soulever la machine, tous les moyens sont bons : cale sous le moteur ou le cadre, ou mieux, béquille d’atelier à l’avant comme à l’arrière.
Si vous stockez la moto sur ses roues, pensez à les tourner d’un quart de tour chaque mois pour éviter la déformation des pneus.
Terminez votre préparation hivernale en recouvrant la moto d’un drap en coton, ou d’une housse spéciale pour l’intérieur qui protège de la poussière mais laisse circuler l’air. Bannissez les housses prévues pour l’extérieur, des vrais nids à condensation qui favorisent l’oxydation. Enfin, si votre local est un peu humide, installez un absorbeur d’humidité et vérifiez son fonctionnement régulièrement.
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Moto Légende n° 321 – Dossier Sortir sa moto d’hivernage
